
Après Instagram
DécryptagesAvec un milliard d’utilisateurs, Instagram est incontestablement le réseau social le plus populaire du moment.
Instagram est incontestablement le réseau social le plus populaire du moment.
Ayant atteint le milliard d’utilisateurs, la plateforme a ringardisé son propriétaire Facebook, que la Génération Z a déserté depuis longtemps. Elle a même réussi à faire de l’ombre à Snpachat en s’inspirant grandement des fonctionnalités et spécificités que la plateforme avait développées.
Toutefois Instagram connait en son sein quelques turbulences. Outre la démission de ses deux fondateurs en septembre 2018, le réseau social est au cœur de toutes les préoccupations de la part des professionnels de la santé. Élue application la plus nocive pour la santé mentale de ses utilisateurs par un sondage mené par la Royal Society for Public Health auprès de 1500 jeunes anglais, l’application est confrontée à un flot de critiques ces derniers mois.
Exacerbant le culte du corps, encourageant le narcissisme et l’individualisme et renforçant les sentiments d’anxiété et de solitude de ses utilisateurs, le réseau social est en eaux troubles, si bien qu’il a dû annoncer la création d’une équipe dédiée au bien être des utilisateurs dont les missions restent à date encore un peu floues.

Par ailleurs, les utilisateurs d’Instagram mènent depuis quelques temps une petite révolution et détourne son utilisation principale d’exposition de sa vie au plus grand nombre en créant des comptes privés, où ils livrent leurs vraies émotions et ne mettent pas en scène une vie parfaite. Moins lisses, sans filtres parfois crus ces comptes appelés Finstas, -contraction de « fake » et Instagram -sont l’apanage d’une génération Z, qui née avec le digital et les réseaux sociaux se dépêtre avec leurs impacts négatifs sans jamais s’en détacher complètement. Le principe de ces comptes privés est de partager de manière plus authentique sa vie avec un groupe restreint de personnes qui font partie de leur cercle d’amis réels.
Cette pratique du compte privé est doucement en train de s’étendre aux marques qui à l’image d’Everlane et son compte Instagram Everlane Studio dédié à leurs chaussures, tente de créer un lien plus authentique et qualitatif avec desfollowersqui sont des vrais passionnés de la marque.
Le réseau social tente de s’adapter aux nouveaux usages de ses membres. À l’occasion de la convention Tech Disrupt 2018, Instagram annonçait la création de l’option « Close Friends ». S’intégrant à la fonctionnalité des « Stories » cette option permettra aux utilisateurs de créer une liste de personnes avec qui ils pourront échanger des photos et des vidéos de manière plus personnalisée et intime. Le directeur produit de la plateforme justifiait cette nouvelle option en expliquant que « pour être vraiment vous-même, et être connectés avec vos meilleurs amis, vous avez besoin de votre propre espace ».

Instagram passe ainsi en mode réaction face à une audience qui devient de plus en plus défiante à son égard, et qui propre aux caractéristiques de sa génération est volatile et a tendance à se lasser plus ou moins rapidement des innovations technologiques qui lui sont continuellement proposées.
Ainsi, il est dès à présent pertinent de s’interroger sur les futurs potentiels concurrents d’Instagram.
Tour d’horizon des réseaux sociaux émergeants à surveiller de près…
La communauté, valeur clé pérenne
Valeur fondamentale de la génération millennials, que l’on entend ici au sens large (Gen Y + Gen Z), la communauté est au cœur d’un grand nombre d’initiatives récentes et de positionnement de marques émergeantes.
Ainsi, il parait naturel que les nouvelles applications voyant le jour misent tous leurs efforts sur la création et l’entretien de tribus de cœur.
En 2018, les adolescents américains ont inexplicablement jeté leur dévolu sur HouseParty, une application née en 2016, qui se résume simplement à une plateforme d’appels vidéo permettant de connecter jusqu’à 8 participants simultanément. Impossible d’expliquer l’engouement pour une application si basique qui contrairement à Snapchat et Instagram, ne propose ni filtres, ni emojis et dont les utilisateurs ont en moyenne 23 amis sur le réseau.
Selon les témoignages de ses jeunes utilisateurs, recueillis par Business Insider, le besoin de se sentir connectés avec son entourage proche et amis réels est ce qui pousse ces jeunes à utiliser si massivement House Party, ce que confirme la co-fondatrice de ce néo réseau Sima Sistani « les réseaux sociaux sont nés avec la promesse de connecter les gens (…) je n’ai pas l’impression que les réseaux sociaux que nous avons aujourd’hui ont tenu cette promesse ».
CHIFFRES CLÉS :
20 millions d’utilisateurs aux US
Temps moyen passé sur l’application par jour : 51 mins / jour
Moyenne d’âge : 24 ans

Amino : réseau social exclusivement mobile permettant à des communautés de passionnés de découvrir, s’informer, se connecter avec d’autres passionnés et de créer du contenu. La plateforme tout-en-un qui incorpore des fonctionnalités de Youtube, Whatsapp, Face Time et Reddit.
Avec pour slogan, Trouvez votre tribu, Amino, Communites & Group de son nom complet, tire son épingle du jeu grâce à la pluralité de profil de ses utilisateurs et des thèmes abordés.
Les jeunes membres qui peuplent l’application ont depuis longtemps déserté Facebook, et l’aspect purement esthétique d’Instagram ne suffit pas à étancher leur soif de partage et de liens avec des personnes ayant les mêmes centres d’intérêts qu’eux.
Si le réseau reste niche & geek (les communautés les plus populaires étant l’animé, la K-pop et Pokémon) , l’application récemment arrivée en France s’est vue investir par un certain nombre d’influenceurs notamment du monde de la beauté qui trouvent grâce à la plateforme une nouvelle façon de discuter de beauté entre passionnés.
En début de démocratisation et de développement de sujets plus généraux, il ne fait pas de doute qu’Amino est une application sur laquelle les marques doivent se pencher.
Chiffres clés :
10 millions de téléchargements
2.5 millions de communautés
Temps moyen passé par jour sur l’application : 70 mins/jour

L’intérêt grandissant pour ces réseaux sociaux va de pair avec un phénomène observé par Facebook sur sa plateforme, l’utilisation croissante des Groupes. En effet, le réseau social a déclaré que ces pages, crées par des utilisateurs pour réunir une communauté, sont passés de 100 à 200 millions en une année.
Le réseau social de marque, une aventure pérenne ?
Les marques ne sont pas en reste lorsqu’il s’agit de créer des communautés online et n’hésitent plus à offrir à leurs clients (les plus passionnés lien article Superfans ) des plateformes leur permettant de se connecter et de partager autour de leur intérêt pour une marque.
Au-delà de fédérer une communauté sur des réseaux sociaux existants, ou d’inciter à l’achat à travers des applications dédiées, certaines marques se lancent dans l’aventure du réseau social.
C’est le cas de Glossier, la marque beauté direct-to-consumer, qui a l’intention de lancer son propre réseau social incluant une partie e-commerce. La marque souhaite créer une plateforme au sein de laquelle clientes et non clientes se retrouvent pour s’échanger des bon conseils, recommandations et coups de cœur. Si la finalité reste l’achat, ce réseau a pour vocation d’agréger et de créer un espace interactif dédié à une communauté qui a grandement contribué à la succes story de la marque.
Si cette initiative est fructueuse elle viendrait directement concurrencer Instagram et son ambition de se développer sur le e-commerce.
Toujours sur une cible féminine, Sophia Amoruso ancienne CEO de NastyGal et fondatrice de GirlBoss une iniative tournée vers les femmes et l’empowerement, a elle aussi décidé de créer un réseau social.
Il s’agirait d’un réseau professionnel pour les femmes, même si tous les genres sont bienvenus, appelé GirlBoss Community. Inspirée par la création d’un groupe Facebook par la communauté Girlboss, la compagnie a décidé de créer un espace dédié à ces femmes. L’accès à cette plateforme prévue pour janvier 2019 et très inspirée de Linkedin, sera payant même si un prix officiel n’a pas encore été annoncé.

Plateformes de talents
La génération Z a pour particularité un fort besoin d’unicité et d’expression de soi. Il n’est donc pas étonnant qu’elle se soit rapidement prise d’affection pour des plateformes lui permettant d’exprimer sa créativité de manière ludique et facilement partageable.
Le plus gros succès de l’année chez les adolescents est l’application de création et de partage de contenus vidéos Tik Tok anciennement connu sous le nom de Musically. Venue tout droit de Chine, cette application de playback, a connu en 2018 un succès phénoménal auprès de la Gen Z à l’échelle mondiale. Si le contenu produit est partageable sur les autres réseaux sociaux, il est possible de le faire exister exclusivement dans l’écosystème de Tik Tok.
Chiffres clés :
500 millions d’utilisateurs
15 millions de vidéos postées par jour

Un peu moins connue, mais en plein croissance Triller est aussi une application ayant vocation à encourager la créativité et son partage. Elle s’appuie sur l’intelligence artificielle pour permettre la création de contenus vidéos qui s’apparente à des clips musicaux.
Plébiscitée par des célébrités à l’instar de Selena Gomez et Rita Ora, la plateforme est véritablement devenue un réseau social lorsqu’elle a introduit la possibilité de suivre d’autres utilisateurs ainsi qu’un fil d’actualité des vidéos d’autres utilisateurs.
Les mastodontes tels que Facebook, ont bien compris l’intérêt de la génération Z pour ce nouveau format et tente de rivaliser en lançant en novembre 2018 une fonctionnalité playback, Lasso.
Chiffres clés :
28 millions d’utilisateurs
4ème application la plus populaire sur l’App Store en France / 12èmeaux US

De ces deux applications émergent aussi des nouvelles icones qui accumulent les followers et avec un nouveau pouvoir d’influence à l’instar de la jeune française, Lea Elui ( 8 millions de followerssur Instagram , 500K sur Triller ) qui a récemment lancé une collection de vêtements en partenariat avec Triller.
Autre particularité partagée par ces deux applications : la possibilité pour certains utilisateurs qui ont obtenu le statut de « creators » d’être crowd fundés par leurs followers, afin de financer la poursuite de leur passion (chant, danse, réalisation…).
Une fonctionnalité extrêmement bien alignée avec les aspirations de son cœur de cible, une génération Z ambitieuse, dotée d’un fort esprit entrepreunarial et qui écrit son futur de manière passionnée et sans compromis.
Et si les utilisateurs ont toujours le réflexe de partager leurs contenus créés par l’une de ces applications sur Instagram, les efforts mis en place par Tik Tok et Triller pour faire rester le contenu dans leurs écosystèmes finiront par payer.
Les réseaux d’informations
Le réseau social se concentrant sur les contenus à caractère informatif et non un contenu personnel créé par utilisateur commence à se développer.
S’inscrivant dans le climat de tension et de défiance des citoyens à l’égard des pouvoirs traditionnels et dans un contexte de prolifération de « fake news » ces nouveaux réseaux ont à cœur d’être garant d’une information fiable et de fédérer des communautés autour de questions d’actualité.
Raftr est le pionnier dans le domaine. Lancé en 2017, ce réseau crée par Sue Decker, ancienne de Yahoo, se décrit comme une plateforme de conversation autour de sujets d’actualité (société, pop culture, sport…). Les utilisateurs peuvent suivre, discuter et partager les sujets qui les intéressent sur une application mobile. Initialement pensé pour que les étudiants sur les campus américains puissent échanger des informations (un point commun avec Facebook) Raftr a élargi ses horizons et les sujets traités sur le réseau.
L’utilisateur peut ici aussi rejoindre des groupes appelés des « otters » autour de sujets appelés des « raft »
Pensé comme un réseau social de conversation, Raftr insiste sur la curation des informations afin d’éviter la prolifération de fausses nouvelles et promet ne pas transmettre les informations des utilisateurs à des tiers parties à l’inverse des géants de la Silicon Valley.

Zig Media, une application mobile américaine, rebaptisée « l’Instagram des news » par le New York Times, veut redéfinir l’étape de découverte de l’information. Pensée comme Instagram, cette plateforme très visuelle donne accès à de l’information au sens très large qui est affinée par des algorithmes selon les sujets qui intéressent l’utilisateur. Zig s’est très largement inspiré de l’interface et du principe de photos d’Instagram, mais entend concurrencer Facebook en tant que source principale d’information de ses utilisateurs (pour rappel 45% des américains s’informent principalement sur Facebook – Pew Research Center)
Si Zig Media n’est pas un réseau social à proprement parler, l’application a déjà des fonctionnalités qui empruntent au réseau social à savoir la possibilité d’interagir avec le contenu, le modifier et le partager sur d’autres réseaux sociaux.
C’est un espace intéressant à surveiller pour les marques au vu des ambitions de ses fondateurs de créer des partenariats avec media et marques dans les mois à venir.
Chiffres clés :
Nombre d’utilisateurs : 1 million d’utilisateurs

Quid du réseau social audio ?
SI à l’heure actuelle les réseaux sociaux émergeants se basent principalement des contenus visuels notamment la vidéo qui est le type de contenu dont les utilisateurs sont le plus friands, il n’est pas trop tôt pour se poser la question du contenu audio.
Ainsi, au vu de l’importance considérable qu’est en train de prendre l’assistant vocal dans la vie quotidienne des consommateurs, de l’information à l’achat, ainsi que la croissance exponentielle des podcasts (52% des français de 18- 24 ans déclarent écouter des podcasts, Opinion Way- Audible) la prochaine frontière du réseau social est très certainement l’audio.
Une start-up israélienne avait tenté l’aventure en 2017 avec Hear Me Out un réseau social permettant d’enregistrer et de partager 42 secondes de sons. Malgré un lancement aux US et la participation d’une myriade d’influenceurs, le réseau a cessé d’exister en juillet 2018.
A suivre donc…