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Tech Crunch Fertility Tech
Timothée Richard 16.12.20

Billion-Dollar Baby

Décryptages

Alors que le taux de fécondité est au plus bas depuis 30 ans dans les pays occidentaux, les technologies de la fertilité entrent dans une nouvelle ère. Un marché qui pourrait atteindre 21 milliards de dollars dès 2020.

Un récent rapport paru aux États-Unis attire plus que jamais l’attention : 3,79 millions de bébés sont nés en 2018, le chiffre le plus bas depuis 32 ans. Et le constat est à peu près similaire dans les pays occidentaux avec en moyenne 1,6 enfant par femme en Europe et 1,4 au Japon.

Alors que les raisons culturelles, dont la culture du célibat et l’émancipation des femmes sont souvent avancées pour expliquer cette chute, les raisons sanitaires sont au contraire mises de côté. Avec en tête de liste la tendance mondiale de la dégradation de la qualité du sperme dans les pays industrialisés (confirmée en mai par l’étude de la revue scientifique Andrology).

La fertilité devient un service comme un autre

D’ordre général, entre 10% et 20% des femmes disent rencontrer des difficultés pour procréer en Occident, et comme la journaliste de TechCrunch Kate Clark l’a souligné dans un rapport récent, la technologie de la fertilité, de surcroît, est un segment en pleine croissance.

Les investissements privés ont dépassé 400 millions de dollars en 2018, une première, entrainant avec eux des solutions innovantes qui permettent petit à petit de mieux connaitre les influences de la fertilité de chacun.

Parmi elles, les tests hormonaux at-home comme la startup Modern Fertility ont le vent dans le dos avec la particularité d’être plus abordable (entre $100 et $400) qu’une consultation classique. Aux Etats-Unis le sujet est repris par Thorne Research et permet à ses clients d’avoir une image ultra-détaillée de leur santé physiologique, hormonale et reproductive. Avant d’être guidé vers un plan de traitement personnalisé.

Fertility Test (Women’s Health) : Thorne Research

En Europe, alors que la question de la fertilité est au cœur des préoccupations pour plus d’un couple sur sept au Royaume-Unis selon la NHS, Adia Health, qui a vu le jour l’année dernière arrive avec la même ambition : aider les femmes à comprendre, par des tests hormonaux, les données qui influencent leur fertilité.

Adia Health (UK)

Contrairement à ce que la pléthore d’initiatives du côté des femmes voudrait faire penser, le sujet de la fertilité concerne aussi les hommes : les millenials sont globalement moitié moins fertiles que leurs pères. Et cette évolution pourrait représenter une grande partie des problèmes de fertilité rencontrés par les couples (de 30% à 40% selon les experts).

Pour pallier cette nouvelle donne, sur Facebook, on retrouve des groupes qui abordent le sujet de manière décomplexée à l’image de Men’s Fertility Support et se lancent de la même façon des startups comme Dadi (US) ou Exseed, au Danemark, en Norvège et au Royaume-Uni pour transmettre des informations lucides sur la qualité du sperme.

Dadi-Kit (US)

Changements d’attitudes et simplification des parcours clients

Au-delà une meilleure connaissance de son profil, la question de la gestion maitrisée des temps de la fertilité est au cœur de la nouvelle proposition des marques qui dessinent des façons de booster sa fertilité, la plupart naturellement.

Au rayon des solutions qui inspirent cette transition de fond : cet hiver la SoftBank a investi dans Glow (US), la première app de tracking d’ovulation qui utilise la data, et la formule a été imitée par Clue (Allemagne), pour aider les femmes à gérer – à partir de leurs paramètres physiologiques – leur probabilité de tomber enceinte.

A partir d’une interface interactive et d’un bracelet électronique, Ava Science fondée en 2016, montre aussi que l’avenir est à la capacité à devenir une plateforme – voire communauté – plus éducative. En devenant une marque non plus seulement de renseignements personnels mais de contenu incluant les perspectives plus larges de la pré-conception aux aléas de la grossesse.

Ava Science - US

Dans une logique de long terme cette fois et à un moment où la jeune génération veut planifier sa vie avec plus de précision, les options pour mieux maitriser le rapport à l’horloge biologique sont aussi en pleine mutation, et annoncent un changement plus durable encore sur la perception de la fertilité.

Si Legacy – fondée en novembre 2018 – démystifie en Suisse la « bio banque » de congélation du sperme, Extend Fertility (New-York) a également été reçue avec beaucoup d’excitation début 2019 en s’annonçant comme une solution privilégiée pour mettre en relation les femmes avec des prestataires de congélation des ovules. Dans l’idée de mettre au monde plus tard.

Si la procédure est critiquée par nombre de médecins pour qui elle comporte des risques pour les femmes et ne garantit pas de grossesse future, elle a levé 15 millions de dollars en février. Et les géants de la Silicon Valley – Facebook et Google en tête – ont annoncé vouloir offrir le remboursement de ce type de services à leurs employés. Signe d’une part que les tabous des deux côtés sont en train de tomber mais aussi que l’avenir de la MedTech est clairement à « l’expérience consommateur », dans ses formes les plus personnelles et relationnelles.

Image à la Une : Tech Crunch Fertility Tech

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