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Timothée Richard 15.12.20

La blockchain, nouvelle opportunité du luxe ?

Décryptages

Mode, cosmétique, alcool, diamants… La blockchain révolutionne l’industrie du luxe et devient le fer de lance de la relation marque-client.

Née à l’origine pour assurer le transfert des crypto-monnaies entre deux personnes, la blockchain se réinvente aujourd’hui pour montrer son utilité dans presque tous les secteurs, et va particulièrement réenchanter le monde du luxe.

Au-delà de son aspect monétaire, la « chaine de blocs » voit en effet de multiples applications dans des domaines qui nécessitent une sécurisation et une automatisation des échanges puisqu’elle fonctionne sans organe de contrôle.

Grâce à ces configurations, la blockchain est ainsi en mesure de fournir aux marques et aux consommateurs authenticité, transparence, et transmission de leurs produits.  Un moyen donc de résoudre les deux grandes problématiques que connait aujourd’hui le luxe : le manque de confiance entre les différents acteurs impliqués dans la chaine d’approvisionnement, et le besoin d’une expérience d’achat automatisée et revalorisée.

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Nouvelle arme de guerre contre la contrefaçon

Selon l’OCDE, le marché de la contrefaçon pèserait près de 500 milliards de dollarspar an dans le monde (soit 2,5% des importations mondiales), la France, l’Italie et les États-Unis étant les plus touchés. Et ce sont les marques de luxe qui sont les premières endommagées – financièrement comme de réputation – par les atteintes au droit de la propriété intellectuelle. C’est donc particulièrement sur le terrain de la contrefaçon que la blockchain va trouver application, et ce, de manière permanente grâce à un système d’authentification et de surveillance du cycle de vie des produits.

De nombreuses start-ups et géants de la blockchain ont d’ailleurs rapidement profité de cette brèche technologique pour se lancer dans la guerre contre la contrefaçon. C’est le cas d’Arianee, une start-up française forte d’un protocole proposant de créer un lien entre un produit et son propriétaire grâce à un certificat d’identité numérique enregistré dans la blockchain. Avec ce système, l’acheteur peut retracer à tout moment la vie de son objet sur son smartphone, et vérifier qu’il a bien été certifié par le fabricant.

Selon Coindesk, le leader de l’industrie du luxe LVMH serait également en train de développer sa propre blockchain d’authentification dans le but de protéger les produits de la marque Louis Vuitton et les Parfums Christian Dior. Baptisée AURA, la solution serait développée sur Quorum, en étroite collaboration avec le studio ConsenSys et Microsoft Azure et devrait ensuite être étendue aux 70 Maisons appartenant à LVMH.

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Une technologie prometteuse qui n’échappe pas au secteur agricole puisque l’industrie viti-vinicole, cible importante des contrefacteurs, fait déjà l’objet de plusieurs protocoles blockchain. L’entreprise singapourienne VeChain a par exemple lancé avec la compagnie Direct Imported Goods, la plateforme de traçabilité The Oversea Liquor dans le but de garantir l’authenticité de 10 000 bouteilles de Beaujolais Nouveau 2017 distribuées en Chine, grâce à un QR code apposé sur la bouteille et une puce NFC scellée au bouchon. Un système bienvenu dans un marché truffé de contrefaçons sachant qu’aujourd’hui, 20% des bouteilles vendues dans le monde sont contrefaites et qu’en Chine, un Laffite-Rothschild sur deux est faux.

Vechain processus

Une totale transparence sur la chaîne d’approvisionnement et de production

Mais si la blockchain révolutionne considérablement le processus de lutte anti-contrefaçon, elle apporte aussi et surtout son infaillibilité au service de la transparence dans la chaine d’approvisionnement des produits. La start-up anglaise Provenance promet notamment de fournir au consommateur un accès à des informations « dignes de confiance » des produits alimentaires par la blockchain, et vise une totale transparence de la supply chain. L’utilisateur de l’application verra ainsi au-delà de l’étiquette et est informé sur l’origine, le parcours et l’impact de chaque produit qu’il achète.

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De la même manière, le leader international de la laine mérinos, Chargeurs Luxury Materials a décidé de se tourner vers la blockchain pour prouver la véracité de son label de fibres d’excellence Organica en donnant un accès public à toute sa chaîne de valeur, depuis l’exploitation où les moutons sont élevés et tondus, jusqu’aux produits d’habillement des marques. 

Sécurisation et automatisation du processus d’achat

Outre les question d’éthique, de transparence et d’authenticité, la blockchain métamorphose également l’expérience client à plusieurs stades. D’abord en sécurisant le processus d’achat et en l’automatisant par le biais des « smart contracts » – contrats fixant les règles d’un accord dans la blockchain tout en assurant le transfert d’un actif lorsque les conditions contractuelles se vérifient -, mais aussi en garantissant une possession pérenne du produit. Par l’association d’un passeport numérique à chaque produit, il est en effet possible de tracer l’objet et donc de protéger les clients en cas de perte ou de vol, mais aussi de le revendre avec son acte d’authenticité daté.  D’autant plus que le système ne présente aucun point de vulnérabilité que les pirates informatiques pourraient exploiter, garantissant ainsi au consommateur une sécurité renforcée.

Image à la Une : © Provenance

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