Lire

Nous contacter
© Projet 1 Hotel Paris / Kengo Kuma
Timothée Richard 15.12.20

Les nouveaux codes de l’hospitalité

Décryptages

En accord avec le nouveau pacte social qu’est l’inclusivité, l’industrie du voyage doit concevoir des espaces-temps décloisonnés, où les paradigmes variés s’expriment pour multiplier les émulations collectives.

Alors que l’ère est à la « place publique » – autant sur internet que dans la vie réelle -, la matrice spatiale dominante se réouvre. Elle intègre les concepts évoqués dans les tiers lieux : hybridations, rencontres, connivences… et redessine la façon de penser l’hospitalité. S’il est des réflexes comportementaux qui sont difficiles à changer, les scènes du voyage et du vivre ensemble entament leur mue. Outillées des leviers digitaux sine qua non et des meilleurs ar(t)chitectes, elles savent aujourd’hui parler aux nouvelles générations pour les convaincre de voyager autrement.

« Staycation » : valorisation du local et de l’improvisation

Première expression du glissement de la valeur d’utilité vers la valeur d’être, la place grandissante de l’improvisation et de l’expérience locale dans l’idéal du voyage. Le phénomène prend de l’ampleur autour des « staycations » (stay + vacations) sur la volonté de la gen z – qui représentera 40% des consommateurs dès 2020 – de voyager à distance régionale pendant leurs vacances.
Après l’incarnation de l’importance accordée à la localité par « Airbnb Experience » en 2016, cette idée de proximité refait commerce au sein d’agences pionnières en Afrique, à l’instar de Take Irinajo ou TripZapp au Nigéria. Elles prônent une alternative de voyage moins couteuse, dans son propre pays, et résonnent aussi vis-à-vis d’une culture ultra mobile appréciant les découvertes en solitaire. Une tendance qui remet en lumière des alentours méconnus du grand public. Nouveau sensemaking ?
Les plus gros acteurs s’y mettent, avec une proposition : héberger de nouvelles activités pour cibler non plus les seuls voyageurs mais aussi les habitants. Sur cette ébauche, AccorHotel sur plusieurs centaines d’hôtels sort Accorlocal, et veut offrir salles de réunions, espaces d’entertainment et hubs créatifs aux communautés voisines.

L’hôtel de demain favorise les collusions

Déjà vécu dans les tiers lieux, le voyage se réarticule avec les megatrends inclusivité et multiplicité. Un monde qui passe du séquentiel au simultané et transporte avec lui l’idée prépondérante de structures et de configurations. Un contexte, aussi, qui plaide – dans une idée de résonance – pour l’hybridation des espaces.

Première frontière qui s’amenuise : celle de l’hébergement vs le lieu commun, communautaire.

Les circonstances se débrouillent désormais sur la base des formes de vies et le voyageur devient un habitant comme un autre, en quête d’interactions permanentes.
A cette injonction les nouveaux clubs urbains répondent par des axes horizontaux de résonance – espaces publics et incubateurs – comme proposés par l’architecture futuriste du 1 hotel Paris (Kengo Kuma) à horizon 2022. Ou les plus accessibles open houses, à l’image de l’écosystème Jo & JoeYooma, ou encore le concept Generator qui transforme la commodité en lieu de destination.

© Projet 1 Hotel Paris / Kengo Kuma

Les espaces de business entertainment comme imaginé au Bob Hotel s’ouvrent aussi davantage vers la rue – scène par excellence de la vie quotidienne -, et le temps plus cours des co-workers. « L’hôtel est adepte de l’humour et célèbre l’humour pour rendre votre séjour ou visite sur place agréable » précise l’endroit, dans l’idée de coller à la quête d’éléments de mix extérieurs.

© Bob Hotel / Paris

Nouvelle dialectique de la convivialité ?

Cette tendance – ouverture sur rue – s’insère jusque dans l’architecture des espaces de travail. Selon le Wallpaper journal, et une enquête récente qui répertorie les exemples disruptifs sur le secteur, les conceptions de bureaux virent globalement à une conception plurielle et inclusive du lieu de travail. Des « lieux de vie », à l’image des changements orchestrés par Bennetts Hill House, à Birmingham, ou au Girassol Building, au Brésil. Les derniers offices deviennent des lofts urbains ouverts, multi-métiers, et des lieux de destinations recherchés.

© Bennetts Hill House / Londres

Preuve encore que l’hospitalité est ar(t)chitecturale, l’agence de design Peter & Paul a chargé les architectes Teatum + Teatum de réaménager la Testone Factory, une ancienne fonderie de fer située à Sheffield, en bureaux modernes offrant des espaces pour des évènements, des travaux en collaboration et des expositions d’art. Un bureau dépouillé dont les types d’espaces de travail varient des petits espaces abordables aux grands espaces partagés en passant par les galeries pleinement publiques. « Ce qui est important, c’est que Testone se connecte à la ville, au niveau de la rue et en tant qu’idée » a expliqué le bureau d’architecture Teatum + Teatum, en charge de cette transition.

© Testone Factory par Teatum + Teatum / Sheffield

Image de couverture © Projet 1 Hotel Paris / Kengo Kuma

Plus d'actualités