
Mariage : le nouveau principe expressif
DécryptagesEn passant d’une obligation sociale à un choix, le mariage s’affranchit des normes, devenant un mode d’expression lifestyle à part entière…
Dans un rapport mondial publié l’année dernière autour du sujet, The Knot et WeddingWire sont unanimes : à l’heure où la philosophie de vie solo gagne du terrain dans les mentalités occidentales, les codes sociaux autour de la plus grande vitrine de l’amour changent de forme. Mettant en avant plusieurs données qui permettent de mieux cerner l’élan autour de l’union des couples contemporains.
Malgré la diminution des unions depuis la fin des années 80, notamment en France où les chiffres ont diminué de moitié en 40 ans, les couples se connaissent mieux avant de s’unir (9 couples sur 10 vivent ensemble avant le mariage en Espagne, en France et au Royaume-Uni).
Une donnée importante pour les acteurs qui sont désormais attendus sur leur capacité à endosser une approche moins traditionnelle, plus créative et coller aux attentes d’une génération qui veut transmettre une version plus représentative d’elle-même au quotidien.
Un stylisme décontracté, reflet de l’évolution de notre société
Preuve de ce renouveau à l’élan bien ancré en France, les acteurs historiques comme Pronuptia, Point Mariage ou Cymbeline – qui composaient la majeure partie du marché il y a dix ans – sont désormais concurrencés par une offre moderne qui a compris les macro-trends autour du sujet.
Delphine de Manivet, Donatelle Godart, Rime Arodaki ou encore Laure de Sagazan se font les étendards d’une femme qui n’hésite plus à apporter un niveau nouveau de décontraction à l’évènement. Jouant des codes de l’empowerment post #MeToo, mais aussi d’une communication qui met en exergue un angle plus minimaliste, à contre-courant des trop-pleins précédents.

En Australie, cette vision de la mode moderne et pas clichée a aussi le vent en poupe et est incarnée par Courtney Illfield, la créatrice australienne de Lola Varma. Sa collection 2020, intitulée Midnight Sun, reflète de la même façon un univers beaucoup moins formel, osant autant les teintes doucereuses – à l’image d’un rose pâle, d’un poudré ou d’un pêche – que les coupes alternatives à la robe – tops, jupes et voiles. Le tout dans des références textiles plus sincères – bambou, viscose, lin… – qui font référence à l’esprit Less is More détaillé dans le cahier Life & Style 2021.

Retour à l’esprit rebel
De manière moins conformiste encore, la rhétorique bohémienne à l’effigie des années 70 gagne du terrain et devient l’incarnation d’un romantisme nouveau, appuyant à travers des blogs comme Green Wedding shoes sur les « Real Weddings », dans une version plus sauvage des unions.
Partie prenante de ce mouvement, des créateurs comme Daughters of Simone (91,000 followers sur instagram) – en référence à Simone de Beauvoir – ou le label Fillyboo (89,000 followers) made in Australia cultivent, plus que la non-chalance, une dose d’indocilité qui correspond copieusement avec cette ligne d’expression.
Les mises en scène indisciplinées sont largement symboliques du message à faire passer – la liberté – et les références à l’univers du récent Once Upon a Time in Hollywood aussi ouvertes que possible : un glamour décalé mais contemporain.
Un phénomène symptomatique de la nouvelle quête de sens qu’on retrouve chez le label Rue de Seine, en Nouvelle-Zélande, avec un esprit cowboy omniprésent dans sa collection « Moonrise Canyon », mais aussi en Europe, où il est l’apanage du succès du jeune couple qui a fondé Lo & Behold Bespoke en 2017, un service de planning sur-mesure s’inscrivant dans une culture aspirationnelle similaire.

Preuve que si la vague autour de la liberté, la désinvolture, voire du flirt avec l’illicite avait touché la mode dans ses incarnations les plus traditionnelles, elle s’apprête à changer plus durablement encore cette nouvelle version du mariage.

Image à la Une : Inspirationnal Wedding from Green Wedding Shoes