Lire

Nous contacter
© Mara Martin for Happy Mom Conference
Eléonore Terzian 15.12.20

Mothers of Ambitions

Décryptages

La maternité est en train de changer de dimension sociale. Mannequins, actrices, influenceuses ou dirigeantes, les femmes sont à la base d’un nouveau dialogue sur ce qu’être mère signifie.

Une enquête OnePoll 2018 largement citée auprès de 2 000 mères d’enfants âgés de 5 à 12 ans et commandée par Welch, a révélé que la mère moyenne occupait l’équivalent de 2,5 emplois.

Un an après #Metoo, la lutte pour des droits fondamentaux tels que l’égalité de rémunération, le congé de maternité, l’aide à l’allaitement et l’accès à des services de garde d’enfants de qualité est toujours une question pressante, mais la question de la maternité, apposée à celle de la carrière, est en train de faire un pas significatif en société.

Work Place : la maternité en passe de devenir une marque ambitieuse

Premier enseignement : le dialogue sur les femmes – et leur ambition de carrière tout en étant mères – va dans une direction prometteuse. Les derniers exemples sont unanimes : on assiste à la fin de la notion réductrice de mère en tant que femme à la vie professionnelle passive, pour aller vers une illustration positive de la maternité au cœur des responsabilités en entreprise.

Parmi les personnalités qui se penchent sérieusement sur la question : Sarah Lacy, PDG de la plate-forme Pando et auteur de « A uterus is not a bug, it’s a feature », a fondé Chairman Mom au printemps 2018. Une communauté en ligne par abonnement qui crée des liens entre les mères qui travaillent et les aide à répondre aux questions de carrières auxquelles elles sont confrontées.

Toujours aux Etats-Unis et dans l’idée de changer profondément le mood qui entoure la maternité en entreprise, Create & Cultivate joue du même positionnement en proposant un réseau de réflexion sur l’avenir de la relation mères-travail. Le parti-pris : la maternité n’est plus un frein à la carrière, mais au contraire une épreuve qui est étroitement liée à ce qu’on attend en entreprise : endurance, productivité, prise de décision et empathie.

Derrière ces initiatives, le mot « ambition » sort des carcans masculins : la designeuse de mode Tory Burch en fait la démonstration à travers sa campagne-série #EmbraceAmbition, qui, pour lutter contre les biais inconscients, invite chaque femme à célébrer ouvertement la femme qui l’a inspirée.

Campagne #EmbraceAmbition ©Tory Burch

Parallèlement, cette réflexion sur le travail et la vie est aussi au centre du monde du sport.

Alors que la coureuse Alysia Montano s’était fendue d’un discours dénonçant Nike de ne pas la soutenir pendant qu’elle était enceinte en 2016, la marque vient de décider, 3 ans plus tard, de changer son fusil d’épaule en maintenant le salaire de leurs égéries pendant leurs grossesses. Un choix qui a inspiré le positionnement d’autres équipementiers à l’image de Burton et Brooks qui ont annoncé des mesures similaires.

Les mannequins bousculent l’image de la féminité maternelle

Preuve que le mouvement est un sujet de fond, la maternité est aussi la nouvelle obsession des podiums, comme l’a prouvé le nombre de mannequins revendiquant ce nouveau rôle personnel l’année dernière. Parmi les exemples les plus marquants, l’américaine de 21 ans Slick Woods qui a défilé pour la marque de lingerie Fenty, à New York, quelques heures avant d’avoir accouché.

Mais aussi Lily Aldridge qui, après avoir défilé en étant enceinte de cinq mois pour la marque Brandon Maxwell, a été au cœur de cette nouvelle posture, revendiquée et expressive, en relayant de nombreux messages sur les réseaux sociaux.

Slick Woods x Elle & Lily Alridge x Vogue (2018)

Dans cette dynamique, les toutes nouvelles mamans ont revendiqué la même chose. Loin des prérequis des défilés Victoria’s Secret, Mara Martin a fait une apparition révolutionnaire pour Sports Illustrated en défilant pendant l’allaitement de sa fille Aria en juillet 2018. Une première avant d’en remettre une couche sur Instagram : « Je trouve que les femmes devraient nourrir leur enfant quand, où et comment elles le souhaitent et cela ne devrait plus être un sujet de discussion ». Renversant ainsi la dynamique d’influence entre vie professionnelle et vie privée.

Et à la Fashion Week de Londres en septembre, c’est Valeria Garcia qui a poussé un peu plus loin ce message : elle est apparue pour la designeuse Marta Jakubowski avec deux pompes à lait apparentes. Une excellente pub au passage pour la marque Elvie qui commercialise ces produits.

Mara Martin au défilé Sports Illustrated (2018) & Valeria Garcia à la fashion week de Londres (2018)

Au même endroit et preuve que le sujet est à la base d’une réflexion plus large sur le genre, il a même inspiré chez les hommes le « pregnant fashion show » de la marque chinoise Xander Zhou. Un futurisme poussé par le slogan « New World Baby », qui, s’il a déchainé les critiques sur sa politique cross-gender, n’en fait pas moins date sur l’évolution des codes maternels, y compris chez les hommes.

La culture, caisse de résonance du mouvement

Côté culture, la série Netflix « Workin’ Moms » cartonne depuis presque deux ans sur l’image de ces nouvelles mères, qui, après leur congé maternité doivent jongler avec les enfants, les patrons, l’amour et leur vie active.

Et l’humoriste Ali Wong a fait de la féminité maternelle le sujet central de son one woman show « Hard Knock Wife ». Au centre des débats qu’elle soulève : la charge mentale, l’allaitement, et les à priori sexistes encore tenaces qui lui font dire : « être mère c’est comme the Walking Dead (….) il faut faire partie d’un groupe pour survivre » en dénonçant au passage l’absurdité de l’absence de congé maternité – au niveau fédéral – aux Etats-Unis.

Workin’ Moms © Netflix

Plus visible encore, Cardi B s’est emparée de la défense du breastfeeding en public dans son dernier clip Money (2018) et a repris le sujet d’une maternité en harmonie avec sa carrière professionnelle.

Une dynamique « Hyper Real » qu’on retrouve à plus grande échelle sur les réseaux sociaux, notamment chez Chrissy Teigen, Tina Kunakey ou encore Angela Garbes qui permet d’innover en façon de vivre sa maternité, mais aussi en manière d’imaginer une société plus matriarcale.

Crédit de couverture © Mara Martin for Happy Mom Conference

Plus d'actualités