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07.01.25

The Rocky Horror Picture Show, les années 80 de Cécile Rosenstrauch

Interviews

Entreprise des année 80, NellyRodi fête cette année ses 40 ans. Nous avons demandé à Cécile Rosenstrauch, Global Creative Director de NellyRodi, de nous raconter ses années 80.

En arrivant à Paris en 1989, je me suis immédiatement inscrite dans toutes les cinémathèques et il m’arrivait bien souvent d’aller voir deux films dans la foulée. J’ai vu beaucoup de films de tous genres, mais je retiens celui qui a particulièrement marqué la jeune femme de 18 ans que j’étais à l’époque : la comédie musicale « The Rocky Horror Picture Show » de Richard O’Brien.

Petite-fille d’un directeur de cinéma et fille de musicienne, ma passion pour l’Image et ce qu’elle véhicule à travers tous ses codes esthétiques (et musicaux) n’a cessé de grandir au fur et à mesure des années. Je me régalais déjà, très petite, devant l’émission « Cinéma de minuit » pour y découvrir les films de Busby Berkeley.

Bien que datant de 1975, « The Rocky Horror Picture show », qui rend hommage aux films de série B d’épouvante des années 30, 40 & 50, est un véritable délire rock’n’roll, sexuellement débridé et plein d’humour. Ces looks gothiques faisaient totalement écho à mon propre look de l’époque, inspiré par celui de Robert Smith des Cure et de Siouxsie and the Banshees (entre autres), et qui faisait d’ailleurs le (grand) désespoir de mes parents : rouge à lèvres hyper débordant et totalement assumé, cheveux « gaufrés » 100% anti clean (tenue parfaite grâce à un peigne à poux et du savon de Marseille) et silhouette totale noire « batcave ». Une silhouette enjouée que je balançais religieusement chaque vendredi soir à l’ex-Locomotive (discothèque actuellement remplacée par la Machine du Moulin Rouge), sur des sons aussi optimistes et joyeux que mon look. Ce dernier s’inscrivait dans la période fin 80 où le désenchantement des années Reagan s’affirmait, et incarnait la voix d’une certaine jeunesse qui avait besoin de se faire entendre, annonciatrice du grunge, puis de l’électro.

Au-delà de son caractère pionnier lors de sa sortie, « The Rocky Horror Picture Show » qui appartenait plutôt à une époque régie par des films très genrés, voire patriarcaux à la Clint Eastwood, et par une mode élégante, hippie ou disco, a montré une nouvelle voie qui permettait d’afficher des looks avec des corsets et bas noirs superposés à des blousons de cuir, bref où toutes les occurrences rock devenaient plus provocatrices et sexy ! Une ouverture vers une démarche plus libérée poussant le curseur d’un style rock-goth joyeux avec des vêtements de dessous portés dessus dans un esprit BDSM, dans une ambiance dissidente et totalement loufoque, pour s’échapper des pantalons bootcut et des tailles hautes.

Ce film annonciateur et avant-gardiste multi genres (comédie + science-fiction + épouvante + série B) a résolument marqué les années 70, mais aussi les années 80, et encore après (il n’y a qu’à voir « Recherche Susan désespérément » en 1985, « Génération perdue » en 1987, « Dracula » de Coppola en 1992 ou la série « True Blood » en 2008, etc.). Il reste totalement d’actualité en 2025 et détient le record de la plus longue sortie en salle de l’histoire du cinéma, puisque plus de 40 ans après sa première projection, il est encore à l’affiche de plusieurs salles à travers le monde.  Et d’ailleurs si vous allez le voir aujourd’hui au Studio Galande dans le 5ème arrondissement à Paris, vous pourrez non seulement chanter, mais aussi jeter de l’eau et du riz (pendant les mariages et l’orage) et faire la danse traditionnelle du « Rocky Horror Picture Show » : le Time Warp ! Là encore, film pionnier car expérientiel sans effets spéciaux, et qui à chaque époque, et encore aujourd’hui, a donné envie de porter un perfecto, un corset et des bas noirs !

Devenu culte et légendaire, il fait partie des films hors du temps. Il a cassé les codes du genre, a influencé la suite de l’estompe entre féminin et masculin, de l’acceptation des différences, des identités sexuelles, et a clairement ouvert les brèches pour laisser s’exprimer une esthétique goth revendicative, en couleur sombre certes, mais dans un esprit totalement déjanté et fun.

Génération perdue
David Bowie
Mugler SS97

Tout comme, probablement, David Bowie, Alexander McQueen, Comme des Garçons, Margiela, Ann Demeulemeester, Mugler, Montana, Jean-Paul Gaultier et Rick Owens ont aussi été marqués par ce film, qui nous ouvrait à l’époque une voie bien différente, voire salutaire, tout récemment, le défilé de Balenciaga SS25, avec sa néo-lingerie en bodysuit, ne serait-il pas encore un clin d’œil ?

Car le monde de la mode n’a jamais eu autant besoin de singularité, de créativité, d’inclusivité honnête pour relancer la machine de la création avec sincérité et liberté.

Et avec une bonne dose d’humour pour continuer à danser tous ensemble le Time Warp.

“It’s just a jump to the left,
And then a step to the right,
Put your hands on your hips,
You bring your knees in tight…”

La Playlist de Cécile Rosenstrauch :

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