CD, MP3, streaming... Comment ces évolutions ont façonné notre consommation de la musique

À l’hiver 2000, alors que le titre tourne sur les ondes depuis plusieurs mois et fait entrer en transe le mini-moi de 10 ans à chaque passage, on me met enfin entre les mains le single Can’t fight the moonlight, mais aussi, et surtout, un lecteur CD portable et des écouteurs.

Pour la première fois, la musique arrive directement dans mes oreilles et je choisis le volume, la fréquence d’écoute et ponce ce single jusqu’à l’usure. À cet âge, prendre le pouvoir sur ce que j’écoute m’apparait comme une petite révolution technologique et l’intégralité de mon argent de poche se divise alors entre les singles que je collectionne – le meilleur de la pop music féminine (toujours) du début des années 2000 – et les sucreries. Ignorant que l’iPod et les baladeurs mp3 vont bouleverser les habitudes de consommation de la musique dans quelques années, je me crée un catalogue musical, chéri et soigneusement rangé dans un porte CD. Je l’embarque partout et deviens le programmateur musical de mes journées.

Quelques mois plus tard, il se fait oublier à la faveur de ce qui me semble essentiel alors : les lecteurs mp3 à grande capacité de stockage, dopés aux piles AAA jetables, puis mon premier iPod – encore stocké de toute sa variété française du mitan des années 2000 – dont j’hérite d’un ami qui s’en est déjà lassé.

Quand, en décembre dernier, le Spotify wrapped me mettait face à mes 46 578 minutes d’écoute de musique de l’année (qui équivaut à 13 863 écoutes du single Can’t fight the moonlight), je me suis interrogé sur l’influence qu’ont eue les innovations technologiques qui ont permis la démocratisation et l’accessibilité de la musique à tous·tes, grâce à la dématérialisation et le streaming. S’il y a bien les puristes qui ont gardé leurs CD ou qui se font des collections de vinyles, je ne fais pas partie de ceux qui sacralisent l’objet.

Le tri aléatoire et foutraque des musiques dans mes playlists a remplacé le soin apporté au rangement de mon étui à CD. À la logistique et la préparation qu’exigeait la volonté d’emporter la musique avec soi (décider quelle musique, quel CD prendre, les ranger dans le porte CD, le poids de l’ensemble), nous avons collectivement adopté la praticité des services de streaming et leurs algorithmes qu’on dit pipeautés.

Reste alors peut-être le Swipe bag CD player de Coperni : un sac lecteur CD, imprimé en 3D et rechargeable par USB-C, improbable rencontre entre la modernité et la nostalgie infusée de l’esthétique Y2K, pour réconcilier nos anciennes et nouvelles pratiques.

 

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