Micro-jardinage, la nouvelle lubie Lifestyle
DécryptagesDepuis quelques années, le jardinage et les plantes connaissent un grand revival. Sur Netflix, l’émission britannique The Big Floral Fight – une sorte de Top Chef pour les fleuristes – montre un intérêt grandissant pour les compositions florales et végétales, notamment dans les pays nordiques et aux Etats-Unis. En France, les ventes de plantes éphémères se multiplient dans les grandes métropoles et montrent une frénésie sans précédent autour de la biophilie. Particulièrement, le micro-jardinage vit un boom de popularité, témoin de la modification pérenne de notre société et de l’attention du consommateur, davantage centré sur le bien-être, la maison et l’auto-suffisance.
Véritable antidote au stress et à l’anxiété, le jardin d’intérieur est domestiquée par une multitude de DNVB telles que The Sill, Bloomscape ou Bergamotte qui démocratisent la vente de plantes d’intérieur en ligne, parfois sous forme d’abonnements, et qui fleurissent à mesure que la demande grandit.
Parentalité végétale
Plus faciles à « entretenir » qu’un enfant ou qu’un animal de compagnie, les plantes sont la nouvelle lubie des millennials et Gen Zers qui, pour bien des raisons, sont les premières générations à repousser la parentalité pour privilégier la liberté et la flexibilité. Une enquête nationale sur le jardinage révèle que sur les 6 millions de personnes ayant commencé le jardinage en 2016 aux Etats-Unis, 80% d’entre elles étaient âgées de 18 à 34 ans.
Et la pandémie n’a fait qu’exacerber cet intérêt : une étude menée par AO.com a révélé que 62% des millennials ont avoué que l’espace vert avait été vital pour leur santé mentale pendant le confinement, et 48% ont déclaré que le jardin était désormais leur partie préférée du foyer.
Cette jeunesse à la main verte romance l’esthétique rurale et agricole des plantes – renommée sur les réseaux « cottagecore » ou « farmcore » – perçue comme une nouvelle forme de soin personnel et slowlife. En effet, des études ont montré que garder des plantes dans les espaces intérieurs pouvait améliorer la qualité de l’air et augmenter la productivité, réduire le stress, ou encore renforcer l’immunité, en opposition au climat anxiogène instauré par l’omniprésence des écrans.
Pour aider ces « parents végétaux » à s’occuper de leurs jeunes pousses, les solutions digitales se multiplient. Planta, Florish, Gardenia, Vera… Les applications smartphone d’aide à l’entretien des plantes poussent comme des champignons et permettent un suivi de la santé de ces familles végétales avec des systèmes de diagnostics intelligents, des rappels d’arrosage ou encore des conseils d’experts en direct.
Un pas vers l’autosuffisance
Les générations Y et Z aiment non seulement cultiver les plantes en intérieur, mais elles se mettent également au jardinage comestible. Sur Pinterest, la recherche de « micro-pousses en intérieur » a augmenté de 223% en 2020 par rapport à l’année précédente.
Parmi les tendances naissantes du micro-jardinage comestible, on trouve les nouvelles formes de culture alimentaires qui se développent dans l’industrie de la food comme les « veggimentals » et les « ornamedibles », ces fleurs ornementales qui se mangent autant qu’elles se contemplent.
Cette génération de végétariens et vegans raffole aussi des plantes aromatiques et légumes frais. Dans cette lignée, Bloomscape a récemment lancé sa section « Edible Garden » pour la vente en ligne de menthe, de tomates-cerises, de camomille, petits piment ou encore de mélanges de salade faciles à cultiver.
Consolidée par la peur de pénurie alimentaire durant le confinement, la quête d’autosuffisance se développe en dehors des campagnes. Les consommateurs cherchent des moyens alternatifs d’augmenter leur autonomie alimentaire et de garder des produits frais à portée de main même en zone urbaine. La culture passe ainsi des maisons de campagne – jusqu’ici seules à même de présenter des espaces verts et lumineux – aux petits espaces et aux intérieurs parfois sombres des appartements citadins.
Cette idée de créer des « micro-fermes urbaines » germait déjà chez Ikea en 2016. Alors que les consommateurs cherchent de plus en plus à adopter des modes de vie sains et durables, Ikea sortait il y a quatre des kits de culture d’intérieur ne nécessitant ni terre ni soleil, cultivables 12 mois par an sans tenir comptes des différentes saisons. Des mini-serres visant à introduire la culture hydroponique domestique et à faire évoluer la marque vers une vision plus durable du marché de la maison.
Aujourd’hui, on voit apparaître une panoplie de solutions de jardineries hydroponiques intelligentes et autonomes : Plantario, PICO, Greenox, Miracle-Gro… Adaptés aux débutants, ces systèmes au design de pointe affluent pour offrir aux citadins un moyen simplifié de cultiver des plantes sans avoir à se soucier de l’éclairage et de l’arrosage. Le micro-jardin AeroGarden Bounty permet même d’être contrôlé par la voix grâce à l’assistant vocal d’Amazon Alexa qui rend l’expérience biophile encore plus ludique et désirable.
Dans une démarche plus expérimentale, le studio d’architecture et de recherche ecoLogicStudio propose un kit de création d’algues comestibles d’intérieur. Intitulé « BioBombola » le projet a été imaginé durant le confinement comme une nouvelle source durable de protéines végétales (la spiruline), et un moyen d’absorber le dioxyde de carbone avec plus d’efficacité que celle des plantes traditionnelles. Tout en favorisant une interaction quotidienne ludique et satisfaisante avec la nature.
Une initiative qui vise à introduire la culture green et high-tech dans le contexte urbain, et à démocratiser la transformation des polluants atmosphériques en aliments hautement nutritifs pour contrer les virus et maladies. « Nous pensons que ce produit (aidera à) repenser une partie de la logique qui nous a conduits à la crise sanitaire actuelle », expliquent Claudia Pasquero et Marco Poletto, fondateurs d’ecoLogicStudio.