2025 marque les 40 ans de NellyRodi. Pour l’occasion, nous avons demandé à Vincent Grégoire, Directeur Consumer Trends et Insights de NellyRodi – et pilier de NellyRodi dès les premières heures – de revenir sur les événements marquants de ces dernières décennies.

Je suis un enfant du siècle dernier et j’ai commencé à travailler chez NellyRodi à une période où il n’y avait pas Internet. Tout était différent. Notre travail était artisanal : on réalisait les gammes de couleurs à la main, on découpait les pages de magazines, les emmenait chez l’imprimeur et collait tout sur des boards. On photographiait les vitrines, on allait dans les centres commerciaux voir ce qu’il s’y passait, et on se rendait à la cabine téléphonique avec notre pièce de 1 franc.

L’arrivée du digital a bouleversé nos méthodes de travail et notre façon de voir le monde. Ça a accéléré le temps, multiplié les informations. Quand je démarrais avec Nelly, les choses étaient claires : il y avait une thématique et des couleurs phares, c’était un réel parti pris que nous portions chaque saison.

Depuis l’avènement du digital, nous faisons face à une ‘archipelisation’ des tendances, de véritables mozaïques ! Nous sommes passé d’une tendance, à 2, puis 4… Il y a une myriade de tendances qui apparaissent, disparaissent, et résistent en même temps. Il suffit de regarder TikTok où tout est #core – d’où l’importance de travailler sur le moyen, le long et le très court terme.

Internet apporte un tout autre rapport à la temporalité et donne la voix à une autre génération très exigeante, avec de nouveaux points de vue. En plus de devoir apprivoiser ces nouvelles technologies, le mot tendance a lui aussi évolué, il est devenu moins niche, moins confidentiel.

Nous nous retrouvons nez à nez avec le dérèglement climatique. Les conséquences de nos inactions sont de plus en plus visibles. Avant, nous gagnions du temps, maintenant il y a urgence. Pour la première fois dans l’histoire de l’humanité (bien que je n’étais pas là au Moyen-Âge), nous avons l’impression de pouvoir toucher la fin : du monde, des nations, des ressources, des marques… Pour la première fois, nous envisageons le fait que tout peut s’arrêter. Que l’espèce humaine peut disparaître, et qu’il faut penser à vivre autrement.

Jusque-là, les tendances étaient des façons de créer du désir, et maintenant nous devons apprendre à consommer autrement : consommations raisonnées, consommations alternatives, consommations intelligentes… Il faut prendre un nouveau virage et être exemplaire. Dans nos métiers, il est de notre responsabilité d’être lanceurs d’alertes et promoteurs de solutions. Et la RSE peut aider, à condition d’être performante et désirable.

Je préfère désirable à durable qui a une connotation punitive et coercitive. Avec le désirable, on pense bénéfice et récompense, c’est festif, et ça devient un jeu de consommer autrement !

Je pense que pour les prochaines années, les 3 grands enjeux – outre le dérèglement climatique – seront :

• Le retour de la lutte des classes : diabolisation des uns et des autres, diminution de la classe moyenne, fossé entre les ultra riches et les plus pauvres…

• Le choc des intelligences : la place des nouvelles technologies et les intelligences dîtes artificielles dans nos sociétés…

• Le déséquilibre démographique : comment on vieillit, le sujet de la surpopulation…

Une chose est sûre, le monde continue d’évoluer, et nous continuerons d’analyser le monde et d’étudier les comportements des consommateur.ices !