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Le chef étoilé Mory Sako de l'émission Top Chef
Interview par Cécile Rosenstrauch, retranscrite par Elisa Huster 25.05.21

La créativité par Mory Sacko

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Découvert dans l’édition 2020 de l’émission télévisée  » Top Chef « , Mory Sacko a contribué à l’édition 2023 de notre cahier de tendances Color Intelligence printemps-été. Chef étoilé, il a joué le jeu de nos gammes de couleurs et de nos thèmes, s’inspirant de nos propositions pour créer un plat unique, mêlant influences japonaises et maliennes.

Cécile : Selon vous, qu’est ce qui fait votre différence ?

Mory: Je suis très curieux et c’est avec cette curiosité que j’amasse des connaissances qui me donnent les moyens de faire ce que bon me semble. Les moyens de créer. Les moyens d’être libre. Comme par exemple mélanger des cuisines qui, sur le papier, ne vont pas forcement ensemble. Cela peut partir d’un produit, d’une idée de recette, de quelque chose que je goute. Je n’ai pas peur de faire des carambolages joyeux. Je n’ai pas peur d’aller me frotter à d’autres univers.

J’ai appris à m’affranchir des codes et des règles pour pouvoir avoir tout l’espace possible pour m’exprimer. C’est cette liberté, celle qui me permet chaque jour d’être plus créatif.

C : Quelles règles vous fixez-vous ?

M : Les règles que je me fixe sont assez simples. Il faut évidemment queça me semble bon, mais j’essaie aussi de rester dans ce que j’aime faire et non pas de n’aller que vers une cuisine purement expérimentale. En toute logique pour un cuisinier, il y a le respect de la saisonnalité dans ma cuisine. Cette règle est intégrée à tout cuisinier qui travail de la bonne manière. Je suis toujours très attaché à cela, le produit est à la base de tout.

Dans la cuisine que je fais il y a forcément un peu d’import. Je pars du principe que si l’on peut avoir un produit sur des circuits beaucoup plus court, sur du local par exemple, on y arrive. Il y a ainsi des producteurs qui adaptent des produits japonais au climat français pour au final permettre d’avoir un circuit dont l’impact écologique est moindre.

Il appartient aussi à tous de s’assurer que l’impact social ne soit pas neutre : il faut qu’il y ait un respect et une considération de l’ensemble de la chaîne de valeurs.

C : Quel est votre moteur d’inspiration ?

M : Mon principal moteur d’inspiration est le produit. J’adore avoir un produit et me demander ce que je peux faire avec. J’essaie tout et pour commencer j’essaie de lui donner toute son identité. Ma liberté part d’une contrainte mais cette contrainte, elle, me permet de faire preuve de liberté de mon côté. Pour moi, les contraintes sont là pour booster la créativité.

C : Comment avez-vous géré la crise du COVID-19 ?

M :Nous avons tout de suite pris conscience de l’importance de s’adapter et de fair preuve d’agilité.. Je n’avais pas envie de faire une offre gastronomique puisque nous avons ouvert le restaurant seulement deux mois. Je suis donc allé vers la street-food et là, à ma surprise, nous nous sommes éclatés dans cette contrainte.

Il y faut beaucoup d’agilité, et garder à l’esprit une jeunesse enjouée, pour réussir à garder son ADN, son identité, tout en « street-foodant ». Faire quelque chose de plus simple et accessible ne veut pas dire pour autant que l’on doit faire du basique. Là aussi, il faut y mettre tout son cœur.

C : Quels sont pour vous les grands enjeux food de demain ?

M : Je vois surtout trois grands enjeux pour la food de demain :

  1. Le respect du produit et la considération des impacts
  2. L’engagement sociétal avec considération de l’ensemble des jalons de la chaîne de valeur
  3. Améliorer ses conditions de travail

C : Qu’aviez-vous en tête avec votre émission de télévision « cuisine ouverte » ? Qu’est-ce que cela vous a apporté ?

M : C’est une émission que l’on a développée à la suite d’un échange. J’avais envie de visiter des Chefs, et je lie toujours l’utile à l’agréable. Découvrir, apprendre, et échanger. Cela nourrit ma curiosité.  J’ai réussi avec beaucoup de chance et de travail à me créer mon terrain de jeu sur mesure. J’avoue m’y amuser à chaque fois et très peu connaitre la déception.

M : Pour vous Cécile, qu’est-ce que la créativité ?

C : Pour moi, la créativité est avant tout un état d’esprit. Ne pas être statique, ne pas avoir peur des frictions, ni d’aller à la rencontre de l’inédit. Il faut être très ouvert sur le monde et son évolution. Ce n’est donc pas pour rien que curiosité rime avec créativité. Il ne faut pas avoir peur d’être bousculé et se remettre en question en permanence pour apporter des solutions

Dans notre quotidien à l’agence, il faut se demander : pour qui est-ce que nous créons ce projet ? A qui va-t-il s’adresser ? Pour quel marché ? Quel positionnement ? Quels consommateurs ? Rien de mieux que de partir d’une contrainte pour booster la créativité sans s’interdire de sortir du cadre pour pouvoir générer de l’innovation, de l’inédit.

La plus grande créativité est celle qui est engagée, juste, responsable et adaptée au marché visé.

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