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Marguerite Ranjard-Le Saint questionne les grands enjeux de la RSE
Audrey Roulin - Directrice beauté 20.09.21

Entretien avec Marguerite Ranjard-Le Saint : les grands enjeux de la RSE

Interviews

Pouvez-vous vous présenter et nous raconter le parcours qui vous a mené à la RSE ?

 Mon parcours est guidé par la curiosité, il s’est fait par étapes qui ont toutes en commun la nature, comme fil vert.

Petite, j’étais passionnée par les parfums et le pouvoir olfactif du monde végétal ce qui m’a amené au marketing de L’Oréal puis de LVMH chez Dior et Guerlain. Ma fascination pour les ressources inouïes de la nature s’est enrichie dans le monde des champagnes chez Krug puis des cosmétiques pour une marque anglaise à Londres.

Mais c’est en mettant les mains dans la terre au sens propre du terme que ma compréhension de notre dépendance à la nature s’est vraiment faite. Mes études de paysagisme à L’Ecole du Paysage de Versailles et des collaborations sur les sujets de permaculture ou de la nature en ville ont scellé ma volonté de faire de l’environnement une ressource durable pour la société. Un diplôme de Sustainability Leadership Management m’a fait sauter le pas pour faire du conseil en stratégie RSE.

L’éducation est primordiale en développement durable, il reste beaucoup à faire,  j’interviens donc aussi à l’ESSEC sur les sujets de RSE dans le luxe. Je crois aussi fortement à la transmission des expériences comme levier d’égalité des chances et suis bénévole dans le programme de mentorat de l’ONG Article 1 pour l’insertion professionnelle des jeunes en difficulté.

Quels sont, selon vous, les grands attentes consommateurs liées à la RSE ?

C’est un sujet équivoque, évolutif et culturel.

Équivoque, car le lien est encore difficile entre sensibilisation et contribution réelle à la transition écologique. 70% de la Gen Z se déclare sensibilisés aux questions environnementales mais 40% ont un faible niveau d’implication au quotidien. Si l’on se réfère aux sondages, la transparence des marques est devenu un critère majeur dans le facteur d’achat. Mais derrière la marque, il y a aussi une entreprise, et le bien-être de ses salariés rentre aussi en ligne de compte. Le devoir de vigilance implique aussi la prévention des risques en matière de droits humains et de santé sur l’ensemble de la chaine de valeur donc auprès des fournisseurs et sous-traitants, soit bien au-delà des salariés.

Sujet évolutif également. Les 20 dernières années en particulier les Accords de Paris ont attiré l’attention des consommateurs sur le changement climatique et donc l’empreinte carbone des marques. Preuve est faite désormais que climat et biodiversité sont 2 enjeux à traiter simultanément, le dernier rapport conjoint du GIEC et l’IPBES est sans appel. Les attentes couvrent désormais toutes les questions sociales et environnementales et marquent la fin des enjeux par silo. La pandémie de Covid 19 n’a fait qu’accélérer cette tendance faisant émerger également l’aspiration pour une production locale renforcée.

Sujet culturel enfin, car les attentes varient fortement selon les régions du monde. Les enjeux sociétaux d’inclusion et diversité sont plus exacerbés dans les pays anglo-saxons quand les questions environnementales dominent davantage en Europe et en Chine.

Quelles sont les priorités à adresser lorsqu’on est une marque (il y en a tant) ?

Il n’existe pas une seule liste applicable uniformément aux marques mais il y a des méthodologies et surtout une ambition à définir par l’entreprise. Veut-elle juste se conformer à la réglementation ou souhaite-t-elle s’inscrire dans une démarche volontaire plus ambitieuse de business model à impact, valeur partagée , société à mission…?

Il convient aussi de distinguer RSE et RSM (Responsabilité Sociétale de Marque), les priorités de la RSM articulent les engagements de la marque vis-à-vis de ses clients quand la RSE couvrent les engagements de l’entreprise vis-à-vis de toutes ses parties prenantes.

Le secteur d’activité, le business model de l’entreprise et sa plateforme de marque influencent fortement la feuille de route. Ce n’est qu’en réalisant au préalable un état des lieux des actions mises en place qu’une stratégie peut être élaborée. Mieux vaut se concentrer sur quelques axes d’engagement pour qu’ils génèrent un impact significatif plutôt que de vouloir cocher toutes les cases mais chacune insuffisamment. Des indicateurs de mesure de performance sont essentiels pour évaluer l’efficacité de la démarche.

Comment envisagez-vous l’évolution de ce sujet ?

Les initiatives sectorielles sont clés, elles se multiplient mais pas assez vite. A défaut de se saisir du développement durable de manière collaborative, la régulation dicte le cadre réglementaire aux entreprises et il n’est pas toujours pertinent pour les consommateurs. La collaboration est au cœur de la RSE. L’initiative Aligning pour former une vision commune sur la mesure d’impact en biodiversité en est un exemple.

L’éducation de la société civile est aussi primordiale, elle doit être renforcée dans le triptyque États/entreprises/citoyens-consommateurs.

Enfin, on devrait oser encourager un mode de consommation autant sobre qu’enviable. Les industries créatives ont cette capacité d’innovation et de création de récits pour faire naitre ce désir. Concernant le secteur du luxe, adopter des pratiques circulaires et régénératives est positif mais découpler les notions de croissance et de volume est aussi en jeu pour revenir aux source du luxe et de création de valeur…

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