Entretien avec Smith : photographe, cinéaste et plasticien

1) Pouvez-vous vous présenter ? Nous parler de votre parcours, de ce qui caractérise votre créativité?

Artiste-chercheur, mon parcours est constitué d’allers-retours continus entre recherches et pratiques artistiques, concentrés sur l’exploration d’une notion directrice : l’identité humaine, à travers ses mues, ses altérations, ses résistances, ses métamorphoses, ses porosités. Mon travail se caractérise par son indisciplinarité, une manière de faire s’hybrider les langages et les formes (photographie, vidéo, cinéma, performance, installation…) dans des oeuvres construites comme des enquêtes, où l’on croise des figures-limites : fantômes, mutants, météorites, éléments radioactifs…. Il s’agit toujours de repousser les limites des médiums, des sujets et des outils (caméras thermiques, puces électroniques, effets spéciaux…) pour proposer de nouveaux points de vue sur notre monde partagé.

2) Pouvez-vous nous parler de votre collaboration avec l’agence NellyRodi dans le cadre du cahier de tendances Color Intelligence FW 23/24 ? Comment avez-vous mis votre créativité au service de ce cahier?

Le thème retenu pour notre collaboration, « Planète B », a fait pour moi écho à la recherche qui m’occupe depuis plusieurs années et que je nomme « Désidération » : une manière de qualifier notre rapport contemporain au cosmos, à la fois le manque des étoiles dans nos vies, et le désir de leur retour. A titre personnel, je n’entends pas l’idée d’une « Planète B » comme d’une planète étrangère, lointaine, qu’il s’agirait de venir coloniser en y apportant nos virus (la vie, le capitalisme, la destruction de la nature, etc) ; je préfère imaginer l’idée de Planète B comme une seconde chance, une autre manière de vivre ici, sur Terre, de manière plus respectueuse, équitable, bienveillante. Avec plus de soin. Les matières, les objets, les oeuvres choisies par l’équipe de Nelly Rodi allaient dans le sens de cette éco-responsabilité.

Dans le projet « Désidération », il est aussi question d’observer la présence du spatial sur Terre, pour prendre conscience de notre pleine appartenance à ce que nous appelons Cosmos, pour cesser de le rejeter comme un lointain au-delà : en observant par exemple les météorites, cailloux célestes nous apportant quotidiennement des matériaux cosmiques. Ainsi, nous avons mis en avant des couleurs et des matières bien terriennes, évoquant pourtant un imaginaire « extra-terrestre » : un chien à la peau nue semblant venir d’une Lune, des iridescences de papillons mercuriens, des minéraux moelleux, des laines d’animaux-nuages.

3) Qu’est-ce-qui vous a le plus plu dans cette expérience collaborative?

L’invitation à créer un monde, en quelques heures, avec une équipe à l’imagination infinie.

Retrouvez notre nouveau cahier COLOR INTELLIGENCE FW 23/24 !