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chateau gonflable Louis Vuitton
Chloé Delecolle 03.01.23

Le gonflable : une tendance plus lourde qu’elle n’en a l’air

Décryptages

Demain sera plein de ballons et de structures gonflables. Pour Vincent Grégoire, Directeur Insights & Consumer Trends de NellyRodi, cette tendance étonnante ne sort pas de nulle part. Les preuves du succès du gonflable sont nombreuses : du projet de lancement des dirigeables « Flying Whales », aux artistes comme Tontonballons qui séduisent le public et le jury de La France a un incroyable talent sur M6, en passant par d’autres exemples pertinents que nous listerons plus tard.

Mais qu’est-ce-qui explique ce regain d’intérêt pour le ballon ? Et surtout, quel est son potentiel ?

Entre les crises économiques, environnementales, sanitaires et géo-politiques, notre monde déjà trop sérieux devient, peu à peu, plus pesant et anxiogène qu’il ne l’était déjà. C’est dans ce contexte que s’inscrit le retour du gonflable : un besoin de souffler (sans mauvais jeux de mots), une envie de légèreté, une aspiration à prendre de la hauteur pour échapper (un peu) à la réalité. Le gonflable nous renvoie à l’espièglerie de l’enfance. C’est festif, c’est régressif et ça fait du bien.

MAKE IT DESIGN 🎈

Le gonflable a fasciné les plus grands designers des années 1960-70. Ils sont plusieurs à s’en être emparés pour créer du mobilier original et coloré, comme Quasar Khanh et sa collection ‘Aero Space’ (1968). À partir des années 80, le gonflable a perdu du terrain : trop polluant, trop fragile. Aujourd’hui, il fait son grand retour : les modèles rares du siècle dernier sont parmi les plus recherchés par les passionnés de vintage, les artistes plus récents éditent à leur tour des pièces avec des matières responsables, et les œuvres de Jeff Koons font partie des icônes de notre époque (mais on ne va pas parler de lui ici).

Mais alors, quel est le potentiel du gonflable dans le design ?

En 2021, l’exposition « AeroDream » au centre Pompidou-Metz avait particulièrement marqué les esprits. Cette exposition, qui portait sur le design, les architectures et les structures gonflables des années 1950 à 2020, présentait ces fantaisies architecturales comme des nouvelles solutions nomades, comme des bulles que l’on ‘branche’ à des structures existantes pour les agrandir, comme une nouvelle façon de concevoir nos intérieurs.

Le gonflable séduit les designers par sa praticité. Ils placent l’utilité de leurs objets au cœur de leurs créations. On les gonfle quand on veut s’en servir, et les dégonfle quand on a terminé. C’est exactement ce que propose Satomi Minoshima avec ses fauteuils et canapés gonflables qui s’adaptent à la vie à la maison : sortis pour recevoir les invités, rangés dans le placard une fois qu’ils sont partis.

 

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Les artistes digitaux sont eux aussi fascinés les ballons, et notamment par leurs formes arrondies, très lisses et brillantes, particulièrement satisfaisantes lorsqu’elles sont réalisées numériquement. Andres Reisinger réalise des meubles en 3D, souvent mis en scène dans de sublimes décors irréels. Il les vend en versions numériques (sa table ‘Pink Table’, aux airs de ballons cylindriques fusionnés, a été vendue pour 5 000 €) mais les fait aussi éditer IRL (= In Real Life) par MOOOI, comme son tapis ‘Ripples’ (ondulations de l’eau) qui paraît avoir été fabriqué en ballons.

 

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MAKE IT FASHION 🎈

Dans la mode aussi, le gonflable est de mise. De façon évidente et depuis assez longtemps avec les doudounes, et plus récemment avec les pantalons et les sacs matelassés. L’ère du snobisme dans la mode est révolue. Nous voulons pouvoir nous amuser avec des vêtements et des accessoires spectaculaires et non-conventionnels – et les designers et grandes marques l’ont bien compris.

Pour le défilé Loewe automne-hiver 2022/2023, Jonathan Anderson s’est amusé avec l’idée de trompe-l’oeil. De faux ballons sublimaient la poitrine des mannequins, d’autres étaient comme compressés dans les drapés des vêtements et sous les talons des chaussures, et certaines pièces arboraient un imprimé ballon de baudruche. Évidemment, ce sont ces vêtements qui ont le plus séduit les célébrités, qui ont par la suite décidé de les porter lors des derniers red-carpets.

 

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Chez Diesel, les mannequins défilaient pour la saison automne-hiver 22/23 au milieu de structures gonflables gargantuesques, représentant des femmes et des hommes habillés avec les vêtements de la marque. Ce décor aussi fascinant qu’inventif s’était retrouvé sur tout Instagram et TikTok. Pour la saison printemps-été 2023, Diesel a réitéré cette idée d’humains-ballons. Cette fois ils étaient nus et leurs corps s’entremêlaient.

 

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En avril dernier, Louis Vuitton a installé un château gonflable sur la petite étendue d’eau de la Fondation Louis Vuitton dans le 16ème arrondissement de Paris. Ce château (décor du défilé printemps-été 2020 sur la Place Dauphine) s’inscrivait dans le cadre de l’exposition « Coming of Age », en mémoire et en l’honneur de Virgil Abloh. Il était accessible gratuitement sur réservation, pour permettre à chacun de vivre une expérience festive et amusante.

Porté par le goût du kitsch, le gonflable nous séduit, et nous fait même un peu rêver (qui n’a jamais fantasmé sur la possibilité de voyager en dirigeable ?). Il éveille la créativité des artistes en les amenant à dépasser toute les limites – de la terre ferme à l’apesanteur, du virtuel au réel, du microscopique au gigantesque – sans se prendre au sérieux.

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