Smart Drugs

Alors que le marché du bien-être est en plein essor, la santé s’envole vers de nouveaux horizons, boostée par la recherche d’auto-optimisation et le culte de la productivité, et rendue possible par les dernières recherches de la Silicon Valley.

La nouvelle lubie wellness : les options nootropiques, ou « médicaments intelligents »

Composés naturels de vitamines, d’acides aminés, d’extraits de fruits et de plantes tels que la L-théanine, le matcha, la caféine, les adaptogènes etc…, ces nouveaux médicaments sont connus pour leurs effets bénéfiques sur les performances cognitives.

À mi-chemin entre la superfood et les compléments alimentaires, ces substances actives permettent de stimuler la mémoire et la créativité, d’augmenter les capacités de concentration et d’endurance, et de fournir une plus grande clarté cérébrale. Une approche de la santé qui se veut comme un « piratage du corps » permettant d’accéder à une version améliorée de soi-même.

Estimé à 1,96 milliards de dollars en 2018, le marché des nootropes devrait atteindre les 5,32 millards de dollars d’ici 2026, avec un TCAC de 13,2% (GLOBE NEWSWIRE), propulsé par la demande croissante de stimulateurs cérébraux face à une environnement de travail de plus en plus concurrentiel, et à une prise de conscience des maladies mentales.

Un marché rapidement conquis par des biohackers qui adoptent une approche holistique du bien-être via ces techno-aliments biologiques qui promettent des prouesses sans effets secondaires négatifs.

Les boissons à base de plantes comme Synapse, Soylent, Flyte ou Arepa constituent par exemple des alternatives saines et naturelles aux boissons énergisantes que l’on trouve en grandes surfaces, très sucrées et dont la réputation a été progressivement ternie par les risques cardiaques et d’obésité.

À côté, d’autres marques de nootropes ont forgé leur identité sur un moyen plus ludique d’ingérer ces substances. Les chocolats triangulaires de Sakara et les bonbons au café au lait Nerd Alert de The Goop sont plus attrayants que les gélules, boissons énergisantes et le café parce qu’ils s’ingèrent comme des mini doses journalières de stimulation cérébrale et d’énergie et remplacent la pause sucrée traditionnelle.

Parallèlement, il existe des services d’abonnement de nootropes. La Nootrobox de HVMN promet notamment « énergie, concentration, mémoire et qualité du sommeil » par sa boite mensuelle de quatre mélanges de pilules, pour une somme de 99 dollars.

Dans la même démarche, Binto propose une box personnalisée pour les femmes dont la composition dépend d’un diagnostic détaillé des problèmes hormonaux, de concentration, de sommeil, d’immunité etc. afin de prodiguer les soins plus adaptés et une santé optimisée – qui va du système reproducteur aux problèmes cutanés en passant par les troubles de l’humeur…

Les vitamines triomphent dans la course à la performance

En 2020, les ventes en ligne de vitamines et de suppléments ont augmenté de 15% aux États-Unis pour atteindre 18,3 milliards de dollars (IBISWorld). Une croissance qui va de paire avec la crise sanitaire qui ramène la question immunitaire au premier plan.

Dans le même style, la société Care/of fraichement rachetée par Bayer, propose un panel de vitamines à visées spécifiques (immunité, aptitudes cérébrales, sommeil, stress…) qui peuvent être combinées dans des boxes personnalisées pour 30 dollars par mois. La société Baze va encore plus loin en proposant une boxe personnalisée établie à partir des résultats d’un prélèvement sanguin effectué à domicile et d’une analyse en laboratoire qui certifie 10 nutriments essentiels à l’utilisateur.

Presque aussi populaire que Care/of, Ritual tente d’instaurer le principe de transparence dans le segment des vitamines. Tous ses produits contiennent neuf ingrédients essentiels, dont la vitamine B12, la vitamine E, le magnésium et le folate, et ne contiennent aucun colorants synthétiques ni agents ajoutés. Faisant écho à son engagement, les capsules sont totalement transparentes pour laisser apparaitre leur contenu.

Les boissons euphorisantes

Une autre avancée issue du biohacking mérite une attention particulière : la boisson euphorisante non alcoolisée. Alors que l’alcool demeure toujours un problème de santé publique majeur, des acteurs comme Kin Euphorics tendent à démocratiser des boissons « sociabilisantes » sans danger pour la santé. Les boissons Kin sont faites à partir d’herbes adaptogènes, connues pour la régu­la­tion et la gestion du stress, de compo­sés nootro­piques censés amélio­rer la cogni­tion, et de plantes pour un goût similaire à un cocktail traditionnel.

La multiplication des solutions issues du biohacking sont une nouvelle preuve que la génération wellness et l’obsession pour la santé redessinent petit à petit la cartographie bien-être en faveur d’une santé plus intelligente et naturelle.