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Jeanne-Aurore 16.12.20

Cécile Rosenstrauch nous dévoile la couleur de l’hiver 21/22

Événement

C’est une teinte qui fait débat, anti-consensuelle, forte et singulière : le violet.

Quelle est la couleur de cette nouvelle saison ? que va-t-elle apporter de neuf ?

C’est une teinte qui fait débat, anti-consensuelle, forte et singulière : le violet. Ce qu’elle apporte, c’est précisément d’être clivante, de créer des émotions fortes – on l’adore ou au contraire on la rejette. C’est un coloris qui réfute le juste milieu, qui attise la « friction », qui est justement le thème global de l’hiver 21/22 chez NellyRodi. C’est une couleur qui nous emmène loin, vers des contrées imaginaires, spirituelles même. Elle m’évoque une forme de mystère, de mysticisme. Elle a aussi quelque chose de double, puisqu’elle organise la rencontre du rouge et du bleu, du sang chaud et froid. Enfin, elle est très théâtrale, ce qui va très bien à notre époque riche en « drama » et rebondissements.

Comment choisit-on une couleur ? est-ce un processus cérébral ou impulsif ?

C’est un mélange d’intuition, d’expertise marché, de méthode… et de conviction ! Quand nous construisons les quatre histoires qui servent de colonne vertébrale à une saison, nous avons une priorité : identifier la teinte qui émergera de manière transversale dans ces différents récits. Pour l’été 21, c’était le jaune qui dominait, marqueur d’une humeur positive et solaire. Cet hiver, nous prenons un virage plus radical et le violet s’est imposé dans toute sa singularité. Mais d’un thème à l’autre, il ne sera pas le même. Il va se décliner de rosés très violacés, guérisseurs et rassurant pour notre thème d’entrée de saison, à des nuances plus électrisées et eighties, ou encore en versions de camaïeux de gris bleutés imperceptiblement violacés. Pour finir de manière explosive, c’est le thème de fin d’année, avec des violets surpuissants, aristocratiques, qui rappellent les pourpres royaux.

Le violet est-il une couleur à manier avec précaution ?

C’est vrai, cette teinte dégage une aura presque interdite, sulfureuse. Mais c’est justement la source de son magnétisme, qui attise l’imaginaire collectif. C’est une couleur couture, très expressive et exigeante si on l’exprime en total-look, mais qui, jouée en touche, peut apporter la juste dose de sophistication au casual. Et contrairement à ce qu’on peut imaginer, elle est très facile à harmoniser : avec la famille des ors et ors vieillis, des marrons sombres, en contraste avec des gammes de gris, face à des caramélisés ou, en version audacieuse, en opposition avec des primaires intenses…

La couleur a-t-elle toujours un rôle fort à jouer dans l’élaboration des collections, du merchandising ?

Oui, plus que jamais. La couleur est un formidable révélateur d’identité, elle dénote l’humeur de la société, capte l’imaginaire contemporain tout en étant riche de symboles anciens. Elle dit qui nous sommes ! Et puis aujourd’hui, dans l’univers textile, il y a peu de révolutions de formes. C’est donc avec la modulation des harmonies, la façon dont on associe les teintes pour transformer un look, que la nouveauté est générée. Avec une même couleur, qu’on joue le consensus ou au contraire l’électrochoc, on peut raconter une histoire totalement différente. Côté image, la couleur demeure un excellent produit d’appel. Des labels comme Arket ou American Vintage ont très bien compris comment des très beaux camaïeux – que ce soit en boutique ou en ligne – peuvent renouveler les basiques et déclencher l’achat. Nous vivons un vrai moment de transition, avec une envie forte qui émerge de sortir du low-profile. Sur les tapis rouges, les défilés, dans la rue (avec la montée en puissance du vintage), on voit de plus en plus la couleur s’exprimer en teintes fortes. L’audace revient au premier plan. Il faut oser !

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