Inflight futures
DécryptagesPréoccupations sanitaires, avènement du bien-être, avancées technologiques…Dans un contexte qui redistribue les cartes du secteur, le transport aérien se redessine autour de nouveaux idéaux.
Alors que les algorithmes et mégadonnées révolutionnent déjà l’industrie du voyage, des acteurs venus de différents milieux – food, design, ingénierie – entrent dans l’économie de l’aéronautique pour offrir une nouvelle feuille de route à l’expérience aérienne qui s’envole vers de nouveaux horizons.
L’agilité des données et de l’analyse prédictive
Dès 2018, Google Flights informait les utilisateurs des retards de vols une fois que la plateforme était certaine à 80% qu’un avion ne serait pas l’heure, avant même d’obtenir la confirmation des opérateurs, démontrant sa longueur d’avance sur les compagnies aériennes. Et alors que plateforme permet de voir tous les coûts supplémentaires cachés (frais de bagages, choix des sièges…) Google Flights peut également estimer quand les prix changeront et quel sera le moment le plus opportun pour réserver un vol.
Dans la même lignée, l’application Hopper prédit avec la même agilité, le prix des vols jusqu’à un an à l’avance avec une précision de 95% grâce la Big Data et l’analyse des données. La plateforme élimine toutes les conjectures et fluctuations de prix, et permettrait ainsi à l’utilisateur moyen d’économiser environ 50 dollars par vol selon Business Insider. Ces outils qui n’existaient pas il y a une dizaine d’années, disruptent le voyage aérien par leur approche prédictive et leur transparence, et montrent les opportunités de l’utilisation de la data dans le secteur du tourisme.
Le confort au cœur de l’expérience aérienne
Alors qu’aujourd’hui le bien-être est érigé en idéal de vie, les compagnies aériennes se concentrent davantage sur la recherche du confort. Entre satisfaction du passager et profits de l’opérateur, le siège et la cabine d’avion deviennent un défi de conception éternel, et les compagnies collaborent avec une multitude de designers pour offrir une expérience aérienne optimale.
Le studio de design PriestmanGoode – qui n’est pas étranger aux défis de conception complexes comme les intérieurs d’avion, trains à grande vitesse, et de durabilité – a récemment dévoilé Pure Skies, une série d’idées de conception de cabines répondant aux préoccupations des consommateurs couplé aux impératifs de poids. Au centre du projet : les préférences individuelles des passagers. Chaque espace dispose d’une technologie de contrôle d’ambiance qui joue sur la psychologie des couleurs du passage afin d’atténuer son anxiété.
Parallèlement, le studio multidisciplinaire Layer a imaginé pour Airbus un programme de sièges aux textiles intelligents qui surveillent les mouvements ainsi que la température des passagers. Relié à une application mobile, le programme personnel consiste à assurer un vol dans les meilleures conditions physiques de l’utilisateur. Grâce à une analyse des données collectées par les capteurs, l’application suggère les exercices qu’il peut faire et comment il peut améliorer son confort (orientation de son siège, manière de s’assoir…).
Du côté de la food, c’est Flywater® qui s’intéresse à la condition physique du voyageur, en particulier à son système immunitaire. L’entreprise repense complètement le processus d’hydratation en vol avec des boissons spécialement conçues pour atténuer les effets secondaires des taux d’humidité extrêmement faibles. Selon la marque, seulement trois heures passées à 30 000 pieds d’altitude suffisent au corps humain pour rejeter jusqu’à 1,5 litres d’eau. Les canettes Flywater sont alors composées d’extraits naturels, de vitamines et d’antioxydants ultra-hydratants comme le gingembre (défenses immunitaires), le thé vert et de citron (calmer le système), la canneberge ou encore la mangue (soulagement musculaire). Une approche holistique du transport aérien qui vise à démocratiser une vision réparatrice du voyage.
Le vol se repense au prisme des préoccupations environnementales
Le transport aérien a un fort impact sur l’environnement. Sans parler des émissions de CO2 responsables à elle seule de 2% des émissions de l’humanité, le plastique et les matériaux a usage unique utilisés pour les repas et accessoires de confort causent tous les ans 5 millions de tonnes de déchets. Depuis le début de la crise sanitaire, le plastique, récemment délesté, redore son image parce qu’il devient le synonyme d’hygiène (dans la chaîne alimentaire, pour les masques, gels hydroalcooliques, gants etc.).
Dans une volonté de réduire la consommation abusive de plastique à usage unique de l’aviation civile, l’agence PriestmanGoode a imaginé « Get Onboard ». Une collection pour le service de cabine comprenant une alternative de plateau-repas sans plastique réalisé à partir de matériaux biodégradables tels que les algues marines, le marc de café, le blé, le bois de coco etc. ainsi qu’une gourde réutilisable en liège qui remplace les traditionnelles bouteilles d’eau miniatures produites pour les avions.
Ce parti pris environnemental, on le retrouve également chez Hopper, qui a lancé cette année « Hopper Trees », un programme de compensation d’émissions de dioxyde de carbone offert aux voyageurs lors de leurs réservation, sous forme de participation à la reforestation (chaque vol permet le financement de quatre arbres, et chaque hôtel celui deux arbres).
L’espace aérien façonné par les priorités d’ordre sanitaire
Dicté par les mesures sanitaires et les normes de sécurité, le transport aérien est aujourd’hui particulièrement touché par la crise du Covid-19. Les compagnies aériennes doivent plus que jamais montrer qu’elles sont dignes de confiance sur le plan hygiénique.
D’après une étude menée par Gallup et Franklin Templeton, 52% des voyageurs américains se sentent encore mal à l’aise à l’idée d’embarquer dans un avion, et 53% des personnes interrogées souhaitent disposer d’options payantes qui leur garantirait d’être assis à côté d’un siège vide. Mais pour Michael O’Leary, le patron de Ryanair, il est impossible d’effectuer des voyages rentables avec un taux de remplissage de 66%, d’autant plus que l’immobilisation du siège du milieu ne permettrait pas une distanciation sociale suffisante.
L’aménagement de l’espace devient alors le défi prioritaire des compagnies aériennes qui tentent de faire face au virus. Designers et ingénieurs travaillent d’arrache-pied pour redéfinir le sentiment de sécurité des passagers dans les intérieurs des transports aériens.
Pour éviter les contaminations, le constructeur italien Aviointeriors a notamment conçu des sièges « à bulles » – des assises dotées de vitres séparant les voyageurs pour assurer le respect les gestes barrières – montrant à quoi pourrait ressembler le voyage aérien post-Covid.
Autre exemple d’approche préventive sur le plan sanitaire, l’opérateur Etihad Airways a récemment déployé à bord de ses avions, des « ambassadeurs de bien-être » en complément de l’équipage des cabines dans le cadre de son programme Etihad Wellness. Une initiative destinée à assurer la sécurité à bord de ses avions en veillant à ce que les mesures d’hygiène soient respectées et à ce que les voyageurs soient conseillés de la manière façon possible sur les comportent à adopter.
Si les compagnies aériennes souffrent encore aujourd’hui de la seconde vague du Coronavirus, elles tireront leur épingle du jeu en trouvant des solutions innovantes qui remodèleront complètement l’industrie, déjà redessinée par les facteurs d’innovation et d’agilité et la recherche contemporaine du bien-être.