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Timothée Richard 16.12.20

Le workplace à l’heure de la maison

Décryptages

Avec le quotient émotionnel (QE) comme valeur fondamentale à l’embauche, notre époque transforme le lieu de travail en un espace de vie dont il faut jouir.

L’augmentation de la « fatigue » et des cas de burn out professionnels ont orchestré un focus inédit sur les méthodes traditionnelles de travail. Pour la première fois de l’histoire, et alors que nous étions persuadés que le cadre des activités nécessitait un design fonctionnel, plusieurs publications académiques ont souligné l’inverse : laisser la place à l’émotion crée une culture plus saine en entreprise.

Y a-t-il une explication à cette nouvelle donne ? La recherche de sens (hors des principes de capitalisation) en est une, mais elle ne suffit pas. De l’avis de dizaines de chercheurs, qu’ils viennent des neurosciences ou des sciences humaines, c’est la remise du principe de sécurité émotionnelle au centre de l’entreprise qui fait office de stratégie de long term, permettant, en tant qu’employé, d’être à la fois calme, créatif, et entreprenant.

De la fonctionnalité à la sécurité émotionnelle  

Désormais, les entreprises les plus prospères sont celles qui rompent, en partie, avec le principe de raison. Qui prônait il y a quelques décennies la division des sphères affectives et émotionnelles.

Parmi elles, un nombre incalculable de multinationales américaines – PepsiCo, Southwest Airlines, Whole Foods, The Container Store et Zappos… – qui mettent en exergue la « love brand », non plus seulement vis-à-vis de leurs clients mais dans leur culture d’appartenance managériale. Une donnée notamment étayée par les marqueurs sémantiques de « l’amour » et de « l’attention », traduisant un rapport plus affectif dans la culture de l’entreprise.

En Europe, Freitag et Loyco sont allés plus loin dans cette idée en mettant au goût du jour un management axé sur l’Holacracy – une tendance de fond qui colle avec les expressions post-modernes de la nouvelle génération : liberté, horizontalité, réciprocité. Le lien entre l’employé et l’entreprise se fait ainsi sous l’égide d’un degré nouveau de proximité, éloignée de l’idée de top-down qui a caractérisée les dernières décennies.

Du côté des consultants, cette même idée régit les débats autour de l’avenir du travail. Erica Keswin, après 20 ans d’expérience dans le workplace a sorti un livre à succès aux Etats-Unis sur ces mutations : « Bring Your Human To Work ». Mettant en avant la prise de pouvoir du Quotient Emotionnel (QE) – sur le traditionnel Quotient Intellectuel (QI) -comme l’importance des soft skills (communication, leadership, gestion du temps, …) à l’heure de la culture du dating.

Well-being is the new welfare

Et cette discussion inclusive se répercute largement sur la vision idéale du bureau. Alors qu’un article de Forbes (2017) annonce que le Home Office a connu une croissance de 115% en 10 ans aux Etats-Unis, mettant en exergue le besoin de liberté de tous, le « well-being » – au cœur des initiatives de QVT dans les pays occidentaux –bouleverse les notions intrinsèques d’identité visuelle et d’agencement.

« Nous n’avons plus besoin d’une atmosphère grise, traditionnelle et de la mentalité fonctionnelle du siècle précédent » explique le cabinet Fosbury & Sons qui, pour parler de cette transition dans les esprits, parle du passage progressif du concept de bureau à celui de « business hub » positionné sur la maison et l’empowerment des employés. Un environnement qui à en croire leur dernier espace de travail à Bruxelles, se base sur la conviction qu’un lieu de travail qui valorise l’humanité des gens, élégant et holistique, est la meilleure voie vers la créativité.

Sur ces mêmes codes du « Home at Work », la marque homeware MENU a largement revu les attributs design de l’Audo, son nouveau siège social à Copenhague. Développé par Norm Architects, il intègre à son espace concept store, café et une dizaine de chambres d’hôtels, reflétant une intersection nouvelle de l’univers travail avec la maison et l’hôtellerie, tout en axant sur l’aspect social de la construction de communautés.

Si le message résonne particulièrement, en lien avec le phénomène « Wise City » étudié cet hiver, d’autres workplaces s’inspirent aussi largement de ce glissement entre valeur d’utilité et valeur d’être lifestyle. 

A Londres, 200 Gray’s Inn Road, proposé par le cabinet Conran and Partners fait fi de l’aspect cellulaire des bureaux, remplacé par des structures de co-living et un café ouvert au public. Redynamisant d’autant l’image d’un lieu aéré, en adéquation avec le concept de maison dans la ville.

A Berlin, l’analogie se vérifie aussi : le studio de design d’intérieur Loehr est à l’origine de la conception du lieu de vie de la société digitale Unicorns & Lions, un univers qui « rappel un loft » souligne le WallPaper cet été, en référence non seulement au design réfléchi des locaux, mais aussi au mix audacieux entre zones fonctionnelles et émotionnelles.

Des données qui si elles dépassent l’aspect utilitariste du lieu de travail, répond largement aux mutations attendues par la nouvelle génération de travailleurs : non plus une table et une chaise, mais une expérience globale de travail teintée d’excellence qui permet de donner le meilleur de soi-même.

Image à la Une : ©Atelier Avéus

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