Le design humaniste de Samuel Accoceberry
InterviewsDirecteur artistique et designer, Samuel Accoceberry répond aux questions de NellyRodi sur ses inspirations et son engagement RSE.
Pouvez-vous vous présenter ?
Je suis designer et directeur artistique depuis plus de 20 ans. Pendant 10 ans, je travaillais dans des cabinets de design entre Milan et Paris, et je suis à mon compte depuis 12 ans.
Je travaille principalement pour du mobilier, pour du produit industriel, pour des galeries, des pièces uniques… Ce qui m’anime, c’est la création au sens large. C’est la richesse des rencontres avec des personnes passionnantes et passionnées. J’ai grandi à Bordeaux, et plus jeune, je passais toutes mes vacances dans le Pays Basque. C’est synonyme de famille et d’amis pour moi. Je vis maintenant à Paris, mais j’y vais toujours très souvent, pour le plaisir mais aussi pour développer des projets professionnels.
Cette région est au cœur de ma philosophie de vie, et porte des valeurs desquelles je suis maintenant imprégné. Ça fait partie de mon identité, mais je ne veux pas pour autant tomber dans le caricatural. Mon design se nourrit d’autres inspirations, comme de l’Italie par exemple. Je me sens un peu de là et un peu d’ailleurs…
Cependant, je défends le savoir-faire régional, je cherche à exploiter les potentiels territoriaux et à créer de l’emploi dans les régions avec des personnes passionnées. Ces valeurs sont miennes depuis longtemps.
Maison&Objet commence jeudi et nous avons entendu que vous aviez une grosse présence sur le salon. Qu’est-ce-que vous préparez ?
Vous êtes bien au courant ! On lance un nouveau produit en avant-première avec La Boite Concept, une entreprise avec laquelle je travaille depuis 8 ans. Ils se sont installés dans le Pays Basque il y a plusieurs années et travaillent avec des entreprises locales. Leur singularité est de faire du mobilier acoustique, comme une table d’appoint sur laquelle on se connecte via Bluetooth pour mettre de la musique par exemple. L’entreprise a été créée par Timothée Cagniard, issu d’une famille sensible à la musique. Sa grand-mère a notamment créé les enceintes Siaré, connues pour leur savoir-faire artisanal. La Boite Concept s’inscrit au sein d’un véritable savoir-faire familial, très technologique, pointu et avec une identité forte.
Il y a aussi un talk prévu au salon Maison&Objet le lundi 28 à 14h, qui portera sur le design basque. Vaste sujet ! J’y débattrai avec Jean Louis Iratzoki, DA de la Maison Alki, et avec Marc-Alexandre Ducoté de Galerie du Coté, une galerie de Biarritz qui promeut des créateurs et des artisans locaux. On va discuter de local, de rustique, d’urban, de modernité…
Quelles sont vos obsessions créatives du moment ? Est-ce-que vous avez un projet qui vous tient à cœur ?
Faire des projets qui ont du sens ! Favoriser les collaborations avec des petites entreprises, aider à leur développement, créer de l’emploi, que ce soit vertueux…
Comme je suis un créatif, je veux pouvoir innover, tester de nouvelles choses. J’aime me challenger, m’acculturer à un domaine qui n’est pas le mien, pour apprendre, voir comment ça fonctionne.
Est-ce-que vous aimez vous frotter aux nouvelles générations ? Apprendre avec eux à appréhender les nouvelles attentes des consommateurs ?
J’enseigne souvent dans des écoles, et je travaille avec des stagiaires. Je suis toujours confronté aux jeunes. Je les écoute parler des changements qu’ils constatent, de leurs ressentiments… Ils sont l’avenir donc c’est très intéressant et important de comprendre leur vision du monde et leurs préoccupations.
En parlant de préoccupations… Est-ce qu’il y a, dans le domaine de la RSE, des choses qui vous parlent plus, des combats que vous avez envie de mener, des convictions que vous avez envie de porter ?
J’ai toujours eu une approche responsable, à faire attention à ce que je consommais, à ce que je mangeais… J’essaye d’être cohérent avec moi-même et de consommer et de produire responsable. A notre échelle, nous essayons d’intégrer des matériaux recyclables dans nos projets, nous travaillons avec des artisans, nous favorisons les circuits courts, etc.
Les clients sont de plus en plus initiés, informés, attentifs, et investis sur le sujet. Ils veulent des matériaux tracés, connaitre leurs provenances… et nous, nous essayons d’être vertueux.
Ça prend du temps et des moyens, mais il y a constamment de nouvelles initiatives qui se développent pour travailler plus intelligemment et de façon plus respectueuse.
J’ai toujours été promoteur de durabilité, de produire moins mais mieux. Il faut laisser le temps au temps. Le premier argument pour faire du durable, c’est que ça passe outre les tendances, que l’on veuille conserver l’objet, qu’il raconte une histoire et qu’il soit porteur de valeurs… C’est ça, la durabilité dans le design : donner du sens au produit.
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